L’Académie de la Petite Enfance vous invite à la Table Ronde
« Quelle place pour l’Enfant dans la Ville ? »
12 juin de 18h30 à 21h, A Ecole Nationale Supérieure d’Architecture (ENSAS)
6-8 Blvd Wilson à Strasbourg
Entrée Gratuite et sur inscription
En 2050, entre 68% à 70 % de la population mondiale vivra en Ville, selon l’Organisation mondiale de la Santé, Nations Unies, Rapport de 2016 (http://apps.who.int/gho/data/node.main.nURBPOP?lang=en).
En même temps nos centres villes s’étendent avec les routes, les voitures et les constructions bétonnées, nos populations s’éloignent de plus en plus de la nature …
Depuis deux ans l’Académie de la Petite Enfance œuvre pour le développement durable et les droits de l’enfant. Elle appelle à l’urgence de réagir ensemble.
Nous poursuivons ce travail par l’observation, les témoignages, et l’écoute des professionnels, des parents et des citoyens, afin d’être une force de propositions pour les politiques.
Ensemble nous vous proposons de nous poser les questions suivantes :
- Quelle place donnons-nous à l’enfant en Ville ? Est-il acteur dans la création des espaces ?
- Comment imaginer une harmonie entre le besoin de répondre à une population urbaine croissante, tout en laissant une place à la nature ?
- Quelle importance a le milieu extérieur naturel pour créer des liens de socialisation (chez l’enfant) ?
- Les enfants, ont-ils des besoins sociaux, urbains et environnementaux spécifiques ?
- La nature pour les enfants une question d’envie, ou de nécessité ?
- Que pouvons-nous constater chez l’enfant lorsqu’il est en contact avec la nature ?
- La place que nous donnons pour les enfants en Ville, en quoi est-elle un facteur clé dans la construction d’une société durable ?
Avec :
Céline SAMIN – Educatrice de jeunes enfants à la Ville de Strasbourg et ancienne responsable des projets de transmission de la nature aux enfants 2 à 3 ans, crèche associative Giving Tree
Cathy SEWEIRT – Jardinière Ecole Steiner, Projet de jardin urbain avec les enfants
Sélim YOUNSI – Architecte – Urbaniste SARL SYA, Ancien architecte-conseil en charge des questions pédagogiques auprès du conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement du Haut -Rhin
Gillian CANTE – Présidente du Furet, En charge mission développement durable et la petite enfance pour l’Académie de la Petite enfance
Richard SANCHO ANDREO – Consultant en projets culturels pour l’enfance et la jeunesse et Président de l’Association PasSages de Bischheim
12 juin – ESNAS – Synthèse des échanges – Gaëlle Krebs, étudiante EDIAC formation
Richard Sancho Andreo propose un état des lieux pour ouvrir la conférence. :
- Quels sont les droits des enfants sur ces problématiques ?
Aujourd’hui la Convention internationale des droits des enfants (article 29, 30 et 31) est l’unique socle législatif existant, il décrit les droits des enfants et les contre parties des Etats ayant signé cette convention.
Dans ces textes, il est entre autre question du respect du milieu naturel et de la transmission de ce respect à l’enfant indissociable à la réponse des droits tels que « le droit au repos » et « au loisir », se « L’enfant doit avoir toutes possibilités de se livrer à des jeux et à des activités récréatives » (….) « la société et les pouvoirs publics doivent s’efforcer de favoriser la jouissance de ce droit ».
- Concernant le développement durable, sujet d’actualité, en quoi s’engagent les états sur la place de l’enfant dans la ville ?
Le constat est le suivant : l’enfermement des enfants dans des espaces standardisés, éloignés de la nature et sécurisé pour les adultes…
Exemple de la ville de Barcelone au niveau du parc Güell construit par Gaudi où le droit des enfants à jouir d’un espace de jeu en extérieur à céder face à la pression de l’afflux touristique, l’entrée du parc étant devenu payante depuis.
L’enfant a besoin de peu pour jouer mais il faut de la sécurité. On fait face à un conflit d’usage de la place publique entre les enfants, les voitures et les enjeux économiques (tourisme, commerces…).
- L’engagement de la société civile ou des élus ?
Aujourd’hui, peu de participants, les élus ne se sont pas mobilisés, aucun représentant des politiques publiques n’est présent : d’où le constat qu’il n’y a pas de politique aujourd’hui concernant le rapport espace/enfants pour les 0-6 ans.
Intervention de Sélim Younsi:
Question, casquette d’architecte urbaniste et papa d’une petite fille : d’où la légitimité….
A participé à une mission : sensibilisation de l’architecture auprès des élèves et conseil auprès des élus du département au conseil du Haut Rhin.
Constat initial, les architectes interviennent aujourd’hui plus souvent sur du bâtit existant, ils répondent à un programme déjà établit, à une commande, ils ont donc peu d’influence sur la finalité de l’ouvrage et son implantation dans le paysage urbain et l’espace public.
- D’ici quelques années, 60% à 80% des habitants en France seront des citadins, quelle est la place de l’enfant dans cet environnement ?
L’espace urbain est un lieu de socialisation, extérieur au cocon familial, c’est un espace de transition pour s’ouvrir au monde et aux autres.
Constat : Les espaces urbains ne sont pas définis spécifiquement, il est difficile pour le public de comprendre l’utilisation prévue de tel ou tel espace (problèmes de marquages au sol, différenciation difficile entre une piste cyclable et un chemin piéton).
La qualification des espaces urbains est nécessaire pour pouvoir signifier où sont les espaces où l’enfant à le droit de jouer.
Exemple : Place Austerlitz, rare emplacement à Strasbourg qui est non hostile aux enfants, espaces dédiés, aménagements spécifiques et voitures tenues à l’écart.
- Une question de responsabilité ? Expérimentation versus sécurité ?
Dans la tradition historique de la prise en charge de l’enfant, la France aborde la question de l’enfant sous un angle sécuritaire.
Les espaces offerts aux enfants répondent en priorité à la question de la sécurité bien souvent au détriment de la notion d’expérimentation.
Face à ces positionnements, il s’agit bien souvent de la responsabilité du maître d’œuvre qui ne porte pas un projet pédagogique mais une garantit sécuritaire pour les familles
D’autre part, le débat n’est pas universel, certaines personnes ne sont pas concernées par la question de l’espace dédié aux enfants, les parcs ne représentant pas une priorité dans le paysage urbain.
Exemples de réalisations architecturales pensées pour l’enfant et en cohésion avec l’environnement :
*jardin d’enfants au Japon Fuji et chapelle, mixité fonctionnelle et espace ouvert
*Ville de Billund : la ville est créée avec comme centre de gravité l’enfant
*Village des enfants à Djibouti, suppression des voitures, espaces communs partagés, liberté à l’échelle du quartier totale pour l’enfant.
*Projet de Louis Kahn à Philadelphie (un des précurseurs) espace de transition entre l’espace privé et l’espace adulte avec des placettes où l’enfant évolue en liberté et en sécurité
Intervention de Cathy Seweirt :
- La pédagogie Steiner en milieu urbain ?
A l’occasion de la création du parc naturel urbain en face de l’école, création de jardins partagés entre trois associations dont l’école.
L’espace est imaginé de façon artistique et laissé libre à l’enfant, il est composé d’une partie potager, d’une partie prairie et d’une haie : terrain de jeu préféré des petits où ils développent leur motricité de façon naturel. L’enfant va appréhender cet univers petit à petit et surtout le faire à sa mesure, il va expérimenter et se satisfaire de ses propres défis.
Ils sont naturellement respectueux du travail des adultes et ils ne marchent pas dans le potager : apprentissage par imitation en voyant les adultes jardiner et prendre soin des plantations. Le potager étant travaillé en spirale, son accès est facilité et le déplacement des enfants au milieu des plantations y est aisé.
A travers cette expérience de jardin partagé, cet espace est à la fois :
- un lieu social où des personnes de différentes générations et avec des enjeux différents se retrouvent (cf association PAR’Enchantement).
- un lieu d’initiation notamment dans le domaine de l’alimentation, les enfants y découvrent les cycles et l’origine des fruits et légumes qui sont dans leurs assiettes.
- un lieu de créativité où les enfants laissent émerger librement leur fibre artistique et imaginaire source de multiples trésors naturels.
- un lieu où se tissent les fibres de la solidarité à travers les constructions et jeux en commun.
Intervention de Céline Samin:
- Quel est l’impact de la pédagogie par la nature ?
Sous la forme de rallyes urbains, il s’agit d’aller à la rencontre de la nature, du vivant et de répondre au besoin de l’enfant de se retrouver dans un espace naturel urbain hors piste composé d’allées, de buttes, de mares, d’arbres.
L’enfant a besoin de trouver son petit coin magique, de se retrouver dans une sorte d’intériorité, de calme avec lui-même
Dans un premier temps, laissé les enfants se connecter à la nature et dans un second temps, l’adulte va amener un outil pour faire un focus sur une observation spécifique.
Exemple : regroupement spontané autours d’une mare pour observer ses habitants.
Faire l’expérience concrète en toute liberté, en tant qu’adulte il faut dépasser ses propres peurs…
Les bienfaits de cette connexion avec le vivant :
- bien- être général et gestion des émotions facilités….
- développement de l’entraide entre les enfants, de l’empathie…
- élargissement du lien social avec les rencontres faîtes dans ces lieux.
Travail de la part d’humanité présente en chacun des enfants : richesse et diversité universelle.
Intervention de Gillian Cante :
- Quel positionnement en tant qu’adultes offrons-nous aux enfants sur « le dehors » ?
Au sujet de l’extérieur, on crée des hostilités, on parle de dangers : déjections, pollutions, débris de verres…..faut il lutter contre ces hostilité ou vivre avec et appréhender cet environnement comme il se présente à nous ?
- Quelle envie d’aller à l’extérieur communiquons-nous aux enfants ?
La ville de Strasbourg est novatrice en matière de proposition de parcs naturels urbains, sentons nous concernés par ces espaces de transitions au cœur de la ville.
- Qu’en est-il de la qualité résultante en termes d’espace ? qui en a l’accès ? quel rôle ? quel usage ?
Lisser la nature s’exprimer sous forme de friches ouvertes à tous, la nature est l’architecte et nous sommes des passeurs : place à « une naturothèque » pour tous au cœur de la ville.
Ces questions doivent faire l’objet de réflexions, d’analyses pour pouvoir exploiter de nouvelles hypothèses, c’est une mission que doivent s’approprier les pouvoirs publics, les élus dans leur politique de gestion des villes et villages et c’est aux citoyens de faire vivre ce débat pour faire émerger ces questions à un niveau public et politique.
Exemple : Mission démocratie de la ville de Strasbourg : pourquoi pas un atelier urbain pour les 0-6 ans ?
Ces espaces sont porteurs de mixité à plusieurs niveaux : sens, fonctionnalités, spatialité, relations intergénérationnelles……abordons les comme autant de ponts pédagogiques potentiels à développer pour que les enfants y trouvent leur place.